Le projet inédit du ministère de la Défense nationale de retirer des milliers d’obus du fond du lac Saint-Pierre (reconnu comme réserve de la biosphère par l’UNESCO) pourrait provoquer la mort d’un million de poissons, en plus d’avoir des conséquences sur plusieurs espèces d’oiseaux. Le ministère fédéral, qui a utilisé le plan d’eau comme site de test de projectiles pendant plusieurs décennies, affirme toutefois que toutes les mesures seront prises pour réduire les effets des détonations prévues de plus de… 1 700 obus. Le gouvernement Legault a autorisé en septembre le ministère de la Défense nationale (MDN) à retirer près de 15 000 obus qui gisent dans le fond du lac Saint-Pierre, où plus de 500 000 obus ont été tirés entre 1952 et 1999. Il est notamment prévu de retirer un peu plus de 9 000 obus de forts calibres, dont 2 739 seraient des munitions explosives non explosées pouvant contenir jusqu’à sept kilos d’explosifs. Près de trois semaines après l’autorisation du projet, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a publié les "avis des experts" de différents ministères ayant analysé l’étude d’impact produite par le MDN. Leurs conclusions sont claires : en dépit des mesures d’atténuation envisagées, plus d’un million de poissons risquent d’être tués lors des détonations.
Les experts du gouvernement du Québec rappellent par ailleurs que l’écosystème du lac Saint-Pierre, qui est reconnu comme réserve de la biosphère par l’UNESCO, est de plus en plus fragilisé. "L’état de santé de l’écosystème est très préoccupant. Il témoigne de l’impact des activités humaines qui s’exercent depuis des décennies dans son bassin versant et sa plaine inondable."
Alexandre Shields – Le Devoir